Je parle à longueur de journée d’immunité au cabinet. Et ceci, depuis bien avant la COVID-19. Que ce soit avec des collègues, en réunion avec des médecins ou avec mes patients, l’immunité est au centre de l’intérêt de tous.
Ceci à juste titre car, comme vous le savez très bien, l’immunité est la capacité de notre corps à se protéger. Plus philosophiquement, on pourrait aussi dire que l’immunité est cette dimension qui permet au corps de faire la différence entre le soi et le non soi.
Mais alors qu’est-ce que la vraie immunité ? Comment en prendre soin ? Est-il possible de le faire vraiment ? Voici les questions auxquelles je tenterai de donner une réponse dans ce nouvel article.
Zoom sur nos frontières
Nous faisons souvent l’erreur de pointer du doigts les symptômes. Si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à lire mon article sur ‘’les vrais sains et les faux malades’’.
Nous faisons la même erreur concernant certaines maladies : la maladie de Lyme (ou borréliose), l’arthrite rhumatoïde, la fibromyalgie… la dépression, les troubles psychiatriques et du comportement… le surdéveloppement bactérien, les atteintes virales, les candidoses chroniques… ou encore les allergies, les troubles auto-immunes… la liste est vraiment très (très) longue.
Toutes ces maladies, ont un grand point commun. Un fil conducteur qui est le seul élément qui les rend possible : une baisse de l’immunité 😱.
Lorsque quelque chose est capable de passer nos frontières et de se faufiler dans notre monde intérieur, le corps possède un mécanisme extraordinaire de défense : l’inflammation. L’inflammation est donc possible, seulement s’il y a une immunodéficience en amont.
Mais alors, comment cela fonctionne ? Regardons cela de plus près …
Quel que soit l’endroit où j’ai travaillé, j’ai toujours voulu un grand tableau blanc… je dis souvent que je suis un artiste refoulé : ce sont en réalité mes patients qui subissent, comme une torture, mes dessins.
Plus sérieusement, j’adore expliquer à travers une histoire ce discours de l’immunité que j’accompagne avec des dessins en 4 couleurs. Je vais retenter ici l’expérience, mais sans dessin… pas de craintes !

Bienvenue sur le sol… humain !
Et oui, l’immunité est un peu comme un poste de frontière. Ce n’est pas parce que nous avalons quelque chose, que cette substance arrivera dans notre monde intérieur. Ce n’est pas parce que nous respirons certaines molécules, que celles-ci sont à l’intérieur de nous. Entre l’extérieur et notre intérieur, il y a tout un monde… un monde de microbes… nous en avons partout : flore buccale, bronchique, pulmonaire, vaginale… et bien-sûr la plus connue, la flore intestinale.
Le premier rôle de ces bactéries est un rôle immunitaire : pour qu’un élément extérieur entre à l’intérieur du corps, il doit obligatoirement passer à travers notre muqueuse et cette barrière bactérienne (sauf en cas d’accident ou blessure).
C’est un peu comme lorsque l’on atterri aux Etats-Unis : l’agent des frontières nous dira : ‘’Bienvenue sur le sol américain’’. Pour entrer aux Etats-Unis et avoir droit au sympathique ‘’Welcome in the USA’’, il faudra passer toute une série de contrôles 🖐.
C’est pareil dans notre corps ! Désormais, il est donc intuitif de comprendre que si nos frontières sont faibles, notre sol (ou terrain) est en danger.
Toute maladie démarre dans les intestins – Hippocrate
Nous savons aujourd’hui que 70 % de l’immunité réside dans nos intestins. Notre agent des frontières, le microbiote, a en effet beaucoup de responsabilités :
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Effet barrière, contre les micro-organismes indésirables
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Effet stimulant pour les cellules immunitaires intestinales
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Renforcement des cellules intestinales
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Production de substances antimicrobiennes
Leur apprentissage (et donc notre immunité) se perfectionne ainsi tout au long de notre vie ! Notre système immunitaire, toujours en alerte, nous permet de nous défendre des agressions extérieures.
Hippocrate avait donc raison : il y a un lien très étroit entre l’état de santé du microbiote et l’inflammation. L’inflammation est donc une réaction immunitaire de notre organisme. Une force, un pouvoir du corps.
Nous avons donc la responsabilité de prendre soin de nos frontières.
Quand c’est trop… c’est trop !
Comme souvent, je me rends compte que notre style de vie moderne est en train de nous rendre prisonnier d’un cercle vicieux contre-intuitif 🤔. Laissez-moi vous expliquer ceci.
Aujourd’hui nous n’avons plus de doutes : la qualité de nos relations, de notre travail, de l’environnement, de la nourriture que nous consommons sont profondément désadaptés à notre nature en tant qu’être humain. Pour répondre à cette condition, nous possédons un mécanisme que l’on appelle le système adaptatif. Vous devez imaginer votre système d’adaptation comme la capacité de notre corps à ‘’coller’’ aux circonstances extérieures.
Pour nous adapter à notre style de vie moderne, notre corps subi des stress répétés (voir chronique) qui conduisent à un épuisement de ce système d’adaptation.
Pour nous aider à nous adapter aux situations extérieures, notre système adaptatif, doit générer des hormones (messages chimiques), comme le cortisol. Le cortisol est une hormone libérée par les glandes surrénales en réponse à une agression. Il joue un rôle anti-inflammatoire très important. Habituellement, les personnes stressées ont d’ailleurs un taux plus élevé de cortisol.
Imaginons alors ce cercle vicieux comprenant 3 acteurs principaux :
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Le facteur de perturbation : cortisol
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L’immunité : poste de frontière
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Le système adaptatif : la police qui essaye de rétablir l’équilibre
La présence répétée du facteur de perturbation, fragilise notre poste de frontière. Avec le temps, le poste de frontière laissera passer des organismes dangereux pour notre santé. La présence dans notre corps de ces organismes dangereux activera la police, qui essayera, à travers l’inflammation, de nettoyer notre environnement. Mais pour agir, cette police devra mettre en place n’importe quel moyen. (jusqu’à fragiliser notre poste de frontière).
Un poste de frontière fragilisé laissera de nouveau passer des organismes dangereux, qui provoqueront une nouvelle réaction de la police, qui devra (pour nous défendre) refragiliser notre poste de frontière. Et ceci continuellement !

Comment booster notre immunité ?
Mais alors, comment peut-on vraiment prendre soin de notre immunité ? Je sais, internet pullule d’informations plus ou moins correctes à ce sujet. On nous conseille tout un tas de plantes miraculeuses, des compléments alimentaires nouvelle génération, d’huiles essentielles aux pouvoirs extraordinaires.
Mais, encore une fois, ces remèdes interviennent souvent sur les effets (l’inflammation) et non sur les causes 😩.
Voyons ensemble comment vous pouvez travailler sur les causes de cette baisse d’immunité :
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Nourrir son calme : écarter principalement la peur et l’inquiétude. Personnellement en consultation je propose souvent des séances d’hypnose pour apprendre à maîtriser ses émotions rapidement.
- Une activité sportive régulière et du mouvement quotidien aident énormément à régulariser le niveau de cortisol dans le sang.
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Travaillons nos frontières : probiotiques naturels, sous forme lactofermentée. Pensez au kefir de fruits, kombucha, choucroute crue, etc.
- Éviter le sucre : ainsi que tous les légumes et fruits à index glycémique élevé. Attention aux légumineuses : si vous avez un intestin fragile celles-ci vont créer beaucoup trop de fermentation.
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Vitamine D : elle soutient la réaction immunitaire. Mais attention pas en macro-doses !
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Vitamine A : meilleure copine de la vitamine D. Nous pouvons facilement être carencés en cette vitamine. Retour à la consommation des abats ou du jus de carottes et épinards !
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Zinc : immunomodulateur, il contrôle les réactions du corps. Mais attention, si vous en prenez trop, vous risquez une carence en cuivre. Préférez toujours l’origine alimentaire, par exemple les fruits de mer, les graines et les oléagineuses.
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Vitamine C : les globules blancs se nourrissent de vitamine C. Il faut la consommer d’origine alimentaire en priorité, par exemple avec un agrumes tous les jours.
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Vitamine E : rien ne vaut une alimentation riche en crucifères (la famille des choux, les navets, les brocolis, les radis, la roquette).
Des conseils passe-partout ?
Vous l’avez certainement remarqué, je ne travaille pas forcement avec de compléments alimentaires. Au contraire, je préfère faire comprendre aux gens que si nous avons besoin de nous supplémenter, c’est parce qu’aujourd’hui, nous ne varions plus notre alimentation au fil des saisons. Une complémentation devrait être quelque chose de ponctuelle et non quotidienne.
De plus, ce qui fait du bien à l’un, peut être très problématique pour l’autre. Des conseils qui s’adaptent au plus grand nombre oui, mais pas des généralités.
Un praticien sérieux, un naturopathe formé, sera capable d’évaluer votre situation initiale : il vous apprendra à vous connaître, à évaluer vos propres capacités réactionnelles, votre puissance digestive, votre capacité d’élimination, vos points forts organiques, vos points faibles. En tenant compte de votre contexte environnemental et style de vie actuel, vous aider à dénicher la présence de facteurs de perturbation, d’habitudes néfastes, etc. Faire un bilan de votre équilibre physique, énergétique et émotionnel.
C’est seulement suite à cette anamnèse, à ce bilan vital, que nous serons capable de vous proposer des conseils adaptés à la nature de votre corps.
Naturellement,
Mauro 🌱